dimanche 24 février 2013

Psychologie : Comment valoriser les efforts des enfants

Comment valoriser les efforts des enfants

Par figaro iconCharles Brumauld des Houlières - le 22/02/2013
          
Certaines formes d'encouragement et de compliments parentaux seraient plus adaptées pour le développement de l'enfant, selon une récente étude.
Tout parent souhaite le meilleur pour son enfant. Pétri de bonnes intentions, ce dernier ne sait néanmoins pas toujours comment faire germer les graines de la réussite et de l'autonomisation de sa progéniture.
Selon cette étude, publiée dans la revue Child Development , les marques d'approbation centrées sur les efforts et les compétences de l'enfant («tu as vraiment bien travaillé») produiraient davantage d'effets positifs que celles valorisant la personne même de l'enfant («tu es un bon garçon» ou «tu as été sage»). Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs des universités de Chicago et de Stanford ont filmé 53 enfants et leurs parents à la maison, pendant plusieurs séquences de 90 minutes, espacées selon l'âge des enfants (1, 2 et 3 ans). Elizabeth Gunderson et ses collègues ont ensuite revu les enfants à l'âge de 7-8 ans afin de les interroger sur l'apprentissage, l'intelligence et le goût des défis.

Affronter les défis avec plaisir

Comparés aux enfants valorisés quant à leur propre personne, les enfants complimentés sur leurs efforts et leurs compétences ont montré certaines facilités. Plus aptes au challenge, ces derniers élaboraient davantage de stratégies pour lutter contre l'échec, persistaient dans une tâche devenue difficile, et pensaient que l'intelligence et la personnalité n'étaient pas figées pour l'avenir. Chez ces derniers, «le travail et l'effort sont perçus comme des moyens utiles pour améliorer leurs capacités, ce qui les conduit davantage à affronter les défis avec plaisir et à persister après un échec», affirme Elizabeth Gunderson.
De précédentes recherches avaient déjà démontré l'impact positif de la valorisation d'un comportement sur le développement de l'enfant. Contrairement à l'adulte, un enfant de 1 à 3 ans n'a pas encore la possibilité de dire ce qu'il estime être bon pour lui. Les parents vont donc jouer ce rôle d'estimateur social, explique Gisèle George, pédopsychiatre et auteur de La confiance en soi de votre enfant (éd. Odile Jacob). «Mais le “sujet, verbe, compliment“ ne suffit pas. D'une part, il est souhaitable que le parent utilise le lien émotionnel qui l'unit à son enfant, en s'impliquant par le «je» associé à une émotion. D'autre part, l'acte valorisé doit être clairement explicité afin que l'enfant puisse reproduire et entériner sa stratégie dans sa mémoire à long terme: «j' ai [implication personnelle] beaucoup aimé [lien émotionnel] ta façon de tenir le guidon [précision claire]».

L'erreur devient source d'apprentissage

Cette étude démontre notamment pourquoi les enfants valorisés en fonction de leurs efforts et de leurs compétences redoutent moins l'échec. En disant par exemple «je ne suis pas d'accord avec ta façon de tenir le guidon», la remarque devient alors la conséquence d'une simple erreur de stratégie.
«En France, appréciations et notations dévalorisantes demeurent la règle bien qu'elles sapent les apprentissages, déplore Gisèle George. Si au contraire, parents comme enseignants prenaient le temps de valoriser ce que l'enfant sait faire, ce dernier intégrerait qu'il sait choisir lui-même l'option gagnante. S'il se trompe, l'erreur devient source d'apprentissage car ayant réfléchi sur le problème, l'enfant changera de stratégie et il pourra apprendre de ses échecs. Sur le long terme, il parviendrait à une meilleure estimation de ses compétences et ses capacités.»
Plus qu'un indice de bonne conduite parentale, ces travaux pourraient bien alimenter les réflexions concernant la réforme de la refondation de l'école. En ce sens, le rapport issu de la concertation prône la disparition des «notes sanctions» au profit d'une «évaluation positive».